Durant la période ottomane, les journaux ne poursuivaient qu'un but lucratif, à savoir: bafouer la vérité, et servir de thuriféraires au Sultan.
  Tout journal qui critiquait, risquait la fermeture et l'emprisonnement du propriétaire et de ses rédacteurs. En 1908 après la promulgation constitutionnelle de la loi sur la liberté de l'expression, certains journaux publiaient les caricatures de certains responsables politiques de l'époque. Mais ces dessins n'étaient pas signés.
En 1914, le journal humoristique "Al Kalam" publia un dessin caricatural du Sultan Mohamed Rachad. Ce dernier fût offusqué et demanda à son ministre de l'Intérieur d'interdire la publication de ce journal.
  Grâce à Néjib Jana une première revue homoristique vit le jour le 17 septembre 1910, "Homaret Baladna". Puis Chafic Jana publia "Al Baghlé" le 4 juillet 1912.
  En effet plusieurs publications avaient vu le jour à cette époque, dont "Homaret Al-Jabal" le 18 août 1913, et "Jrab al-Kirdé" le 20 avril 1914.
  En 1922, la Société des Nations plaça officiellement le Liban sous mandat français. La Constitution, votée en 1926, le fut par un Conseil représentatif élu, mais elle sera suspendue par le haut – commissaire français. La loi ottomane sur la presse demeura en vigueur jusqu'en 1924, date à laquelle les autorités françaises imposèrent une nouvelle applicable aux quatre "pays" placés sous leur mandat: Le Liban, la Syrie, le pays des Alaouites, et Djabel druze. Selon cette loi, le directeur de publication devait avoir un casier judiciaire vierge, savoir lire et écrire la langue du journal et déposer une caution de 500 livres syriennes. De même, le vendeur ambulant chargé de vendre les exemplaires du journal dans la rue, devait obtenir une autorisation et il lui était interdit de crier les informations importantes en vue d'attirer le public. Un décret de 1926 rendit le directeur et l'imprimeur co-responsables de toute infraction commise.
  Une bonne partie de la presse libanaise est née entre les deux guerres. Ainsi la première revue satirique illustrée, en l'occurrence "Ad – Dabbour", fut fondée par Youssef Moukarzel. Tout ce retard encouru par l'ambitieuse presse libanaise dans l'utilisation des techniques nouvelles, est dû au fait que le Liban était sous occupation ottomane, et que les premiers médias libanais étaient conçus et imprimés en Egypte et qu'il ne fallait pas heurter les autorités du pays d'accueil. Youssef Moukarzel lui – même qui meurt au Liban le 13 juin 1944, a commencé sa carrière de journaliste en collaborant à un journal qui paraissait sur les bords du Nil. Il se fait alors une réputation d'excellent conteur d'anecdotes. Quand il revient s'installer définitivement au Liban, il commence par publier un quotidien de 2 pages imprimé recto – verso. Il obtiendra une certaine notoriété par ses anecdotes, qui par la suite seront transmises de bouche à oreille. L'humour journalistique venait d'obtenir droit de cité dans notre pays.
  La première revue satirique naît en fait de la rencontre de Youssef Moukarzel et de Ezzat Khorchid, directeur de police, puis directeur du protocole au ministère des Affaires Etrangères, qui croque à temps perdu, les "puissants" de l'époque. Le poète Youssef Ghossoub originaire de Beït – Chabab, également village natal du propriétaire d'Ad – Dabbour encourage Ezzat et lui demande de faire publier certaines de ses oeuvres.
   L'homme de lettres "arrange" une réunion entre l'éditeur et le haut fonctionnaire. Elle a lieu à la "Pâtisserie Libanaise" de Toufic Choucair, sise à l'ancien Souk des Bijoutiers lieu de rendez – vous de l'intelligentzia libanaise. Dès cette première prise de contact Youssef Moukarzel et Ezzat Khorchid s'aperçoivent qu'ils ont beaucoup d'affinités.
  Youssef confie à Ezzat son désir d'augmenter la pagination de son journal et de le porter à quatre pages. Au Liban on ne connaît pas encore l'art de la zincographie qui permet de reproduire les illustrations. Donc les journaux se bornent à ne publier que des textes. Ezzat préconise une solution: celle d'utiliser la technique d'impression des livres et pour ne pas être "pris par le temps" d'en faire un hebdomadaire. Très dynamique et avant – gardiste, Youssef Moukarzel s'enthousiasme, accepte, et le premier numéro de la nouvelle formule paraît le Dimanche 14 janvier 1923. Imprimés en noir et blanc, les exemplaires de la première édition sont vendus à    5PL l'unité, les premières impressions en couleurs ne verront le jour qu'à partir de 1930 soit sept ans plus tard.
  Ezzat Khorchid est le premier caricaturiste remarquable de l'époque.
  "Ad – Dabbour" devait son succès au fait que non seulement il avait une importante équipe rédactionnelle, mais également une non moins importante équipe de dessinateurs parmi lesquels, Khalil Achkar, Diran Ajamian et Moustapha Farroukh.
  L'hebdomadaire "Ad – Dabbour" ayant prouvé que la caricature avait droit de cité au Liban ses premiers collaborateurs le quitteront pour fonder de nouvelles revues du genre. Khalil Achkar, remplace Ezzat Khorchid comme responsable de l'équipe de dessinateurs d'Ad – Dabbour. Il se lie plus particulièrement d'amitié Said Freiha, lequel quitte la revue-mère pour fonder en novembre 1943, sa propre revue "As-Sayad", et l'engage avec avec les illustrateurs Radwan Chahhal et son frère Abdallah.
  Sans passer sous silence, bien sûr, la parution d'un supplément du quotidien "al-Ahrar", intitulé "al – Ahrar al – Moussawara", en 1926, - une revue satirique, humoristique et littéraire de seize pages dont le propriétaire était Jebrane Tuéni.
  La loi française sur la presse resta en vigueur jusqu'en 1945, date à laquelle le gouvernement annula le contrôle préalable et en institua une nouvelle en 1948, qui abrogeait la suspension administrative et maintenait les clauses selon lesquelles les délits de presse devaient être jugés par un tribunal de première instance, privant ainsi les journalistes de la possibilité de faire appel. Plusieurs journalistes furent ainsi suspendus et, en 1952, au cours d'une seule journée, les responsables de sept d'entre eux furent traduits en justice. La presse de Beyrouth décida alors de faire une grève générale: elle boycotta les séances du Parlement et s'abstint de publier les communiqués officiels ainsi que les photos relatives.
  Au bout de quelques jours, le gouvernement céda et accepta d'élaborer une nouvelle loi de concert avec le syndicat des journalistes. Cette loi publiée en 1952, accordait à la presse une liberté presque totale qui allait transformer la presse libanaise en un champ de bataille arabe. Depuis, plusieurs quotidiens ont commence à publier des caricatures. Une seconde génération de caricaturistes a vu le jour dans les médias libanais: Jean Machaalani, Pierre Sadek, Mahmoud Kahil, Melhem Imad, Niyazi Jalloul, Imad Chéhadé, Mohamed Kaissi, René Najjar, Pol Mall, Nabil Kaddouh, Habib Haddad, Elie Saliba, Armand Homsi et moi-même.








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